Comment apprendre une leçon ? La question revient souvent. Je discute avec beaucoup de parents qui voient, parfois impuissant, leurs enfants face à leurs feuilles, leurs cahiers ou leurs cours. Par quoi commencer lorsqu’il faut apprendre des formules de mathématiques, apprendre une leçon de biologie ou des règles de grammaire ? Je vous propose 5 moyens d’améliorer la qualité d’apprentissage de votre enfant ou votre ado.
1. Comment apprendre 1 leçon : Travailler sur la compréhension
Cela peut paraître logique et sensé pour beaucoup de gens mais ça ne l’est pas pour tout le monde. Je vois encore et toujours des apprenants étudier par coeur des cours, des définitions, des schémas dont ils ne comprennent rien. Le problème n’est pas tant qu’ils ne comprennent pas mais qu’ils ne font pas l’effort de comprendre. Pensant à tort « perdre du temps » d’étude. La compréhension soutient la mémorisation, l’apprentissage, l’attention. Il vaut mieux passer (et non pas perdre) 30 minutes avec un enfant ou un ado à lui expliquer un texte, à l’aider à comprendre des définitions plutôt qu’à lui faire répéter « bêtement ».
Alors comment soutenir la compréhension d’une leçon, d’un cours, d’exercices ?
Vous pouvez demander à l’apprenant de dessiner une définition. Au fur et à mesure du dessin, il verra par lui-même ce qu’il comprend ou ne comprend pas. De plus, ça peut être amusant et donc diminuer l’anxiété de certains apprenants lors des devoirs.
Comme tout ne peut pas être dessiné, l’apprenant peut faire un schéma. Ainsi, schématiser une règles de grammaire oblige l’apprenant à tester sa compréhension de la matière. Là aussi, les endroits où ça bloque mettent en évidence le manque de compréhension.
Pour les mathématiques par exemple, comprendre le sens des formules, le calcul de l’aire ou du périmètre augmente la qualité de l’apprentissage des formules. Les apprendre par coeur sert à résoudre des exercices, mais en cas de « piège » (et tout le monde sait que les profs adorent les « pièges »), le par-coeur atteindra ses limites. N’oubliez pas que les mathématiques sont du raisonnement et que pour exceller, il faut passer du temps dans la compréhension des fondements théoriques.
2 Comment apprendre 1 leçon : Chercher les explications !
J’ai rencontré beaucoup d’apprenants bloqués lorsqu’ils ne comprennent pas. Je repense à cette élève qui ne comprenait rien au chapitre « électricité » du cours de physique. Je lui demande si elle a demandé au prof, non. Est-ce qu’elle a demandé au prof de remédiation, non. S’est-elle tournée vers quelqu’un de son entourage qui pourrait lui expliquer, non. A-t-elle tenté de travailler là dessus avec un-e camarade de classe qui a compris, non. J’avoue que jusque là je me suis dit que demander de l’aide à une tierce personne, c’est parfois difficile. Par contre, là où j’ai été surprise c’est que je lui ai demandé « tu as regardé sur internet? », elle m’a regardé avec de grands yeux « ben non…pourquoi ? y a des cours sur internet? »
Pour résumer, les parties non comprises doivent être marquées dans le cours : une petite croix au crayon, un post-it, etc. Une fois marquée, il faut aller chercher des explications soit chez le prof (mais j’ai déjà eu des apprenants à qui le prof à répondu « je ne suis pas payé 2 fois pour expliquer 2 fois ») mais possible que cette piste ne donne rien. Il y a d’autres personnes ressources vers qui il est possible d’avoir des explications. Sinon, youtube et google sont de précieux alliés. Des personnes passionnées de chimie, de math, de français y livrent des cours, des explications, des vidéos ludiques, etc. Profitez-en, il y en a pour tout le monde !
Cette démarche proactive qui consiste à aller chercher des réponses permet à l’apprenant de s’impliquer, de s’intéresser, d’être attentif. Bien sûr, il peut y avoir des moments de découragement car on sait à quel point le sentiment d’incompétence des apprenants est puissant. Mais il faut lutter contre ! Aidez votre enfant ou ado à chercher jusqu’à ce qu’il trouve, le chemin est aussi important que les réponses à ses questions.
3 Comment apprendre 1 leçon : Préparer un exposé
Les parents aiment bien « vérifier » que les enfants ou les ados ont étudié ou appris une leçon. En général, le parent tient des feuilles, posent des questions, corrigent des exercices. L’apprenant, lui, regarde de loin, appréhende, est tendu, attend le verdict. Il sait que lorsque la sentence va tomber, il sera probablement condamné à retourner étudier…ou, s’il est tard, il aura des remontrances sur sa manière de faire, sur son manque d’implication, sur sont manque d’études. Ces moments-là sont tendus et anxiogènes pour les apprenants.
Une manière plus pédagogique de « vérifier » ce que l’apprenant à retenu est de l’inciter à préparer un exposé. Celui-ce ne doit pas être spécialement long mais doit avoir la forme suivante : l’apprenant prépare son exposé sur l’électricité, il peut présenter des schémas, faire des dessins explicatifs sur un tableau, etc. en répondant aux questions Quoi ? Avec quoi ? Pourquoi ? A quoi ça sert ? Comment ? Quand il est prêt, il présente son exposé aux parents. En essayant de regarder ses notes le moins possible (ou mieux, sans aucune note). L’idée étant qu’il arrive à expliquer de mémoire au maximum.
L’apprenant peut expliquer à un-e camarde, un parent, devant son miroir ou seul dans sa chambre. Peu importe. Le plus important est de replacer l’apprenant dans la position de celui qui possède un savoir et qui l’explique aux autres (réels ou imaginaires).
Attention, lorsque vous utilisez cette technique avec votre enfant ou votre ado, il est essentiel d’avoir un climat bienveillant. Autrement dit, si vous constatez une erreur, encouragez-le en lui posant des questions, en l’incitant à se questionner, à trouver son erreur et la corriger. Au pire, vous lui expliquer son erreur et l’inviter à reprendre. Le climat de bienveillance est incontournable pour cet exercice.
4 Comment apprendre 1 leçon : Préparer les leçons à l’avance
La première fois que j’ai dit ça à un apprenant, j’ai eu l’impression d’avoir prononcé les pires insultes qu’il ait pu entendre dans sa vie (et pour ça faut y aller…). Et oui, préparer une leçon en avance est selon moi le meilleur moyen d’apprendre une leçon. Les apprenants en échec ou en difficultés scolaires se sentent (et sont de fait) en retard sur la matière, alors quand on parle de travailler à l’avance, leur cerveau bug. Pourtant, les résultats sont sans appel : meilleure implication en classe, meilleure concentration, sentiment de compétence, impression de reprendre le contrôle, etc.
Cette technique nécessite de prendre le contre-pied c’est-à-dire que plutôt que d’engager un prof de remédiation pour revoir les cours non-appris ou mal appris, demandez-lui d’enseigner le chapitre suivant. Pour beaucoup de parents ça parait complètement absurde et pourtant ça ne l’est pas. On repart de zéro, l’apprenant se distancie des chapitres méconnus, apprend une nouvelle matière non vue en classe. Imaginez-vous à sa place ? Il arrive en classe et sait le contenu des 2 ou 3 prochaines semaines. Certains parents pensent que ce sera une bonne raison pour se tourner les pouces pendant le cours…C’est possible, mais ce n’est pas ce que j’ai pu observer. Au contraire, le sentiment de compétence augmenter, les parties incomprises donnent lieu à des questions précises, l’attention est focalisée sur le cours puisque l’apprenant sait où il est et où il va. L’apprentissage d’une leçon en avance peut avoir un effet magique car ça le place dans un cercle vertueux : meilleure attention, confiance en soi, implication en classe, prof qui voit un changement, qui le renforce, etc.
5 Comment apprendre une leçon : Mixer le tout pour (re)décoller !
Prenez un grand shaker et mixez tout ça. Votre ado galère en histoire, demandez-lui de préparer le chapitre suivant. Donnez-lui par exemple 30 minutes pour lire, comprendre, s’approprier le chapitre. Ensuite 20 minutes pour chercher les infos non-comprises sur internet (ou ailleurs). Puis 1 heure pour préparer un exposé sans notes mais avec toutes les images, dessins, graphiques qu’il désire. Ensuite, vous l’écoutez avec bienveillance pendant 30 minutes ou plus selon sa préparation. Comment pensez-vous qu’il se sentira lorsque le professeur abordera ce nouveau chapitre qu’il a déjà approché, interrogé, présenté ?